Il était une fois « moi »

Les hebdomadaires  d’Ahimon Elise semaine 14 : Il était une fois « moi »

Des cadeaux, la vie nous en offre toujours. Il y en a qu’on aime très peu voire pas du tout et dont on aurait pu s’en passer. Il y en a qu’on n’espérait plus tellement ils ont tardé à arriver. Il y a enfin qui arrivent à point nommé et que l’on accueille avec gratitude. Un des merveilleux cadeaux que la vie m’ait apporté, c’est la chance inouïe d’avoir grandi entre 3 visions différentes du monde : celle de ma grand-mère, celle de mon père et plus tard, la mienne.  Koukoun (c’est ainsi que l’on désigne la grand-mère en langue GWA) était au carrefour des mutations de sa société : la génération de ses parents et grands-parents avaient connu la colonisation. Elle-même avait grandi à l’époque où les colonies avaient chéri et obtenu le droit à leur autodétermination. Le soleil des indépendances avait brillé sur  sa vie.  Elle avait ainsi transmis à ses fils et à ses filles, le goût du savoir qui libère. C’était aussi l’époque où  ses concitoyens s’interrogeaient sur la nécessité d’inscrire les enfants « à l’école des blancs ». D’un commun accord avec son époux - qu’elle avait choisi, à une époque où les mariages étaient souvent arrangés – ils avaient opté pour les scolariser la journée, et leur inculquer, le soir au coin du feu, les valeurs traditionnelles d’une société en mutation. Ainsi, ils avaient pu à la fois s’ouvrir aux prémices de la mondialisation tout en s’ancrant dans le terreau de leurs origines. Loin d’en faire des « déracinés », ils avaient forgé leur identité plurielle à travers les passerelles des invariants culturels, des valeurs universelles. Plus tard, c’est au biberon de cette soif du savoir, de cette liberté de pensée et d’expression, de cette ouverture culturelle que la génération de ses petits-enfants, a été nourrie.
Ce détour par « Il était une fois, moi » souhaite être un « il était une fois chacun des moi de ma génération », un « moi », parmi d’autres. En effet, ma génération est issue d’un métissage de ces années héritées de toutes ces ères qui tissent entre elles des liens étroits, mais aussi de ces années encore à venir et qui enrichiront notre identité.