Tribune

L’infanticide : des pratiques abandonnées ? 1ere partie

Les systèmes de représentations du processus de procréation confèrent couramment à un esprit ou à une divinité le rôle d’insuffler la vie, le souffle pour donner au nouveau-né le statut d’être social à part entière. La cérémonie du nom est souvent le marqueur de ce passage et intervient dans un certain délai après la naissance. Certaines naissances "anormales" (enfants malformés, jumeaux, naissances par les pieds…) font l’objet d’infanticide, généralement de manière immédiate, alors que l’enfant est aux portes de la vie . Cet acte n’est pas assimilé à un meurtre, d’autant que le véritable être reviendra dans un autre corps : Le faire mourir n’est pas le supprimer, mais simplement l’ajourner. Il demeure un candidat immédiat à la vie prochaine (Erny, 1988). Ces enfants ou naissances anormales sont interprétées comme un signe néfaste, une malédiction, un acte de sorcellerie, dont le préjudice pour l’entourage ne laisse d’autre issue que la mort de l’enfant ou son abandon par exposition. La survie de la mère, des parents, voire du clan en dépend. Ces pratiques répondent à des obligations sociales mettant en jeu l’ensemble du groupe et leur justification est celle d’un ordre (tant culturel que naturel) qui doit faire face au désordre (Singleton, 2004).
Les travaux ethnologiques ont décrit de nombreuses pratiques d’infanticide ou d’abandon. Ainsi, certains enfants sont soupçonnés d’être des revenants : ceux qui naissent pour mourir (Lolo, 1991). Dans les sociétés traditionnelles du Sud Cameroun, les nouveau-nés affligés d’une pathologie organique importante étaient voués à la mort, et parmi eux, des enfants autistes (Lolo, 1991, cité par Ezembé, 2003). Au Bénin, les enfants malformés, les nouveau-nés issus d’un accouchement ayant causé la mort de la mère, ou d’un accouchement "anormal" (présentation dystocique) étaient victimes d’infanticide (Agossou, 2003 ; Mattern, 2007). Chez les Chaga du nord de la Tanzanie, l’infanticide était pratiqué en cas de naissances conçues hors mariage, de naissances anormales, de nouveau-nés malformés, de jumeaux (Raum, 1967 ; Singleton, 2004). Au Ghana, les enfants malformés, ayant des dents, ou même nés après une grossesse difficile, sont suspectés d’être un esprit. Si l’esprit est découvert, il ne peut pas rester au monde. L’enfant doit absorber une potion toxique ; s’il y survit, on le pose dans la brousse pendant deux nuits ; si toutefois il survit à ces deux nuits, il pourra reprendre sa place (Allotey & Reidpath, 2001).

reference: http://www.soe-ci.org/article.581.bient-t-une-s-rie-da-articles-sur-les-orphelins-les-droits-et-protection-des-enfants-vuln-rables-la-ducation-des-enfants-le-suivi-scolaire-le-r-le-des-parents-et-le-suivi-psychosocial.html

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