Tribune

Les nouvelles formes de circulation des enfants

Le schéma de circulation des enfants, motivé par l’échange social, tend à se diversifier. Les transferts d’enfants sont parfois motivés aussi par des raisons économiques. Depuis plusieurs décennies, l’accès à la scolarisation est une cause de confiage d’un enfant à une famille urbaine, en échange de quelques travaux domestiques (Jonckers, 1997 ; Vandermeersch, 2002). La pauvreté rurale conduit les familles à envoyer leurs enfants chercher un emploi à la ville. Ce phénomène tend à se généraliser et, en fonction du calendrier agricole, les adolescents, de plus en plus jeunes, partent à la recherche d’un revenu complémentaire (Delaunay et al., 2006 ; Erulkar et al., 2006). Le placement d’un enfant se transforme alors en une forme de service ou de travail (Oppong, 1997). Contrairement aux transferts d’enfants harmonieux au sein de la parenté, les transferts qui se développent sous une certaine contrainte peuvent placer l’enfant dans un état de grande vulnérabilité, voire de danger. Ils sont exposés à plusieurs formes de discrimination (nutritionnelle, travail, violence, y compris sexuelle). L’accès au marché du travail se fait au travers de réseaux, aux départs familiaux, désormais structurés et organisés, desquels le contrôle familial se trouve de plus en plus exclu. Les risques de dérives sont importants et ces aspects mériteraient d’amples investigations. Les modèles actuels de circulation des enfants s’apparentent alors à des formes perverties des modèles socialement justifiées et équilibrantes.

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