Tribune

Prise en charge des enfants par obligation familiale : les limites sont-elles atteintes ?

La prise en charge d’enfants se fait parfois selon certaines règles d’obligation familiale. Ainsi, un enfant devenu orphelin est généralement accueilli par ses parents les plus proches (Goody, 1982 ; Lallemand, 1993). Néanmoins, le contexte de l’épidémie de VIH/sida multiplie dans certaines régions le nombre des orphelins. Les familles en proie à la perte de leurs membres les plus productifs ont du mal à assumer la charge supplémentaire que représentent ces enfants. D’une part, les ménages doivent faire face eux-mêmes aux soins d’adultes atteints du sida et leurs revenus économiques en pâtissent. D’autre part, le niveau encore élevé de fécondité implique que les ménages doivent aussi prendre soin de plusieurs orphelins en même temps. De fait, ce système de prise en charge familial est fortement compromis par l’épidémie du sida et les besoins de soutien extérieur sont croissants (Madhavan, 2004 ; Miller et al., 2005 ; Mishra & Bignami-Van Assche, 2008).
Par ailleurs, peu d’études se sont arrêtées sur la question des conséquences d’une naissance hors mariage sur les familles. L’accueil par une famille d’une jeune fille mère et/ou de son enfant n’est pas sans impact sur les conditions de vie de cette famille qui va devoir assumer la charge supplémentaire d’une ou de deux personnes improductives. Or, les naissances de mères célibataires sont de plus en plus nombreuses du fait du recul du mariage et de l’intensification de la sexualité juvénile (Delaunay & Guillaume, 2007) et on peut penser que le poids de la prise en charge de ces naissances va aussi contribuer à la remise en question du système d’entraide familiale dans la prise en charge des enfants.

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