Tribune

Problématique des orphelins : Aspect social et culturel (Discussion et Conclusion) 1ere partie

L’objectif de cet article était de dresser un bilan de la connaissance de la question de l’abandon et de la prise en charge de l’enfant dans le contexte africain. Le constat général est que, si la sociologie et l’anthropologie de l’enfance apportent un cadrage qualitatif des divers modèles de prise en charge de l’enfant en Afrique, tant passés que contemporains, force est de constater que la connaissance reste très parcellaire, la classification des situations incertaine et la quantification des différents phénomènes fait défaut, tant en termes de prévalence que de tendances. Pourtant, le contexte juridique impose de plus en plus une prise en compte de la question de l’abandon dans les actions de protection de l’enfance. Le contexte de l’adoption internationale dans lequel s’engagent beaucoup de pays vient renforcer cette nécessité. En effet, la Convention des droits de l’enfant, proposée en 1989, a été ratifiée par l’ensemble des pays, y compris en Afrique (193 États). Face aux situations identifiées "d’enfants victimes", tels que les enfants soldats, les enfants prostitués ou objet de trafic, des protocoles facultatifs ont été proposés. Au 1er février 2008, date de la clôture de la quarante-septième.... Le Comité des droits de l’enfant, mis en place en 1991, est l’organe chargé de veiller à ce que les États s'acquittent des obligations qu'ils ont contractées au titre de la Convention relative aux droits de l'enfant. Chaque État doit produire un premier rapport deux ans après la ratification de la convention, puis un rapport tous les cinq ans. Ces rapports sont examinés et suivis d’observations. Le Comité des droits de l’enfant insiste sur la nécessité pour les États signataires d’organiser un suivi systématique de la réalisation des droits de l’enfant, en mettant au point des indicateurs appropriés et en recueillant des données suffisantes et fiables (Nations Unies, 2008).
Néanmoins, peu de résultats sont produits et la connaissance reste encore plus qu’approximative sur la description des situations, la mesure de leurs niveaux de prévalence, de leur tendance, de leurs causes et de leurs conséquences. Seule la multiplication des témoignages de types journalistiques. Dans les zones urbaines, les cas de nouveau-nés trouvés... et du développement visible des intervenants dans le domaine de la protection de l’enfance (agences internationales, ONG). L’augmentation du nombre des établissements d’accueil,..., donnent une image de la diversité et de la complexité des situations rencontrées. Le vide statistique concernant la situation de la prise en charge de l’enfant est particulièrement éloquent : aucune statistique sur la prévalence, la tendance et les causes des différents types de transferts, d’abandons et de rejets d’enfants n’est disponible. Pourtant, les ruptures dans la prise en charge de l’enfant sont bien réelles. Les grandes causes de ces ruptures sont vraisemblablement encore la pauvreté et la stigmatisation sociale et culturelle de certains types de naissances (naissances "extraordinaires", naissances illégitimes). Face à une pauvreté toujours présente, sinon croissante, en Afrique, à l’augmentation des grossesses et des naissances non voulues (Bearinger et al., 2007 ; Bledsoe & Cohen, 1993 ; Brown et al., 2001 ; Delaunay & Guillaume, 2007 ; Meekers, 1994 ; Singh, 1998 ; WHO, 2007), à l’accès toujours difficile à l’avortement (Guillaume & Molmy, 2003), à une mortalité maternelle toujours trop forte (UNICEF, 2009), on peut penser que le nombre des abandons tende à augmenter. À cette situation s’ajoute le nombre croissant des orphelins du sida et la question de leur prise en charge, qui viennent appuyer cette hypothèse. Incontestablement, la question de la prise en charge des enfants reste d’actualité, et cela dans une double perspective, à la fois celle des droits humains et celle de la santé publique.

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